Marc 2:1-12 Gravité du péché, scandale du pardon

Vendredi 15/16 novembre

Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'il était à la maison,
et il s'assembla un si grand nombre de personnes que l'espace devant la porte ne pouvait plus les contenir. Il leur annonçait la parole.
Des gens vinrent à lui, amenant un paralytique porté par quatre hommes.
Comme ils ne pouvaient l'aborder, à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel le paralytique était couché.
Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés sont pardonnés.

Nous voilà arrivé à une des histoires cultes du nouveau testament, celle de la guérison du paralytique...je dis culte car ....qui ayant été au catéchisme, n'a pas gardé en tête des images de ces 4 hommes qui portent un paralytiques sur une civière et passent par le toit d' une maison pour s'approcher de Jésus ...de quoi frapper  l'imagination... tout autant ou presque qu' un Père Noël qui arrive sur le toit et descend par la cheminée... Et c'est ça le drame en tout cas, cette association d'images qui rapproche le vrai du faux et donc tend à discréditer tout l'épisode...

(Un des auteurs que je lis considère l'épisode comme fictif car  il lui semble impossible que Jésus continue à enseigner pendant que des débris du toit lui tombent sur la tête, seule raison qu'il donne pour mettre en doute sa véracité... certainement parce-qu'il n'a pas assisté à des prédications aux mêmes endroits que moi....qui ai vu dans une maison encore en chantier où se déroulait un culte, un enfant (le mien en l'occurrence) qui avait marché sur le toit et était passé  à travers et était suspendu à une des poutres...obligeant le prédicateur du jour à interrompre son sermon pour le recueillir dans ses bras...)

L'épisode est culte aussi car pour ceux qui ont des difficultés à croire en des miracles purs et durs, la déclaration de Jésus, tes péchés te son pardonnés a été considérée comme la cure "normale" pour une personne qui n'était pas vraiment paralysée mais avait des sentiments de culpabilité qui avaient cause sa paralysie...cure qui aurait ete decouverte par le fameux docteur Sigmund Freud (j'en ai parle dans mon blog...ici.. http://simone-over-blog-com.over-blog.com/2019/07/du-paralytique-du-pardon.et-de-freud.html) ce qui donc expliquait que l'épisode n était pas si miraculeux que ça....Mais n'anticipons pas sur le texte....

 Il y avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au dedans d'eux:
 Comment cet homme parle-t-il ainsi? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul?
Jésus, ayant aussitôt connu par son esprit ce qu'ils pensaient au dedans d'eux, leur dit: Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos coeurs?
Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, prends ton lit, et marche?
Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés:
 Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison.
Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde, de sorte qu'ils étaient tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant: Nous n'avons jamais rien vu de pareil.

La question que je me pose moi, à première vue, étant donné les épisodes précédents, est de pourquoi Jésus dit au paralytique que ses péchés lui sont pardonnés .... au lieu de le guérir ce à quoi on s'attendrait...d'autant plus que cette déclaration semble liée à leur foi.  C'est comme si Jésus considérait qu' avoir ses péchés ou fautes pardonnées est un plus grand privilège que d'être guéri physiquement... Comment serait-ce possible?

Et les scribes d'une certaine manière ont la même réaction de surprise (non exprimée, nous dit-on) mais pas pour les mêmes raisons parce-qu'ils y voient un blasphème .... ce qui d'une certaine manière renforce l'idée qu'avoir ses péchés pardonnés n'est pas n'importe quoi... ce qui m'interpelle et m'oblige à jeter un regard nouveau sur la question du pardon qui dans les milieux chrétiens est tellement naturel qu'on ne voit pas pourquoi ça serait un scandale...

(Il n'est pas question ici de cette mutualité du pardon que l'on demande et que l'on accorde quand il s'agit de fautes commises envers soi mais du pardon des péchés en général)

Ces deux réactions inattendues pour moi en tout cas, soulignent la gravité de ce qu'on appelle péché si seul Dieu peut pardonner et si le pardon est un bien si appréciable... et je me demande alors qu'est-ce qu'il y a de tellement horrible dans les "péchés" pour qu' il n'y ait que Dieu qui puisse pardonner?...Et là vraiment pour comprendre, il faut se tourner vers le judaïsme car c'est une conversation qui se déroule entre des juifs qui ont une conception commune de la notion de péché....

Le péché, c'est quoi?

Tellement a été écrit sur le péché que l'on ne sait plus ce que c'est ou plutôt que l'on ne sait plus de quelle liste de péchés il s'agit et qui décide de ce qui est un péché et de ce qui n'en est pas... et dans ce domaine, chaque église a son opinion, chaque confesseur, chaque prédicateur tant et si bien qu' il semble que la seule préoccupation de bien des chrétiens est de savoir si telle ou telle attitude, tel ou tel geste est un péché ou pas...et que les réponses qu'ils peuvent obtenir sont tellement variables que l'on pourra trouver toujours une église ou cette chose particulière que l'on veut faire a tout prix ne sera pas considérée comme un péché....

Alors évidemment répondre à la question que je pose, c'est-à-dire, de définir en termes abstraits ce qu'est la notion de péché, est impossible ou plutôt n'a pas de sens...car si je comprends bien (après avoir consulté un dictionnaire de théologie), il n'y a pas qu'un seul mot dans l'Ancien Testament pour désigner " le péché", pas plus que dans le Nouveau Testament.... et c'est toujours dans un contexte spécifique que les termes apparaissent, désignant une transgression particulière, un acte répréhensible,ou autrement dit, il n'y a pas de traité sur le péché en général, seul un Dieu qui reprend directement ou par ses prophètes les actes corrompus de son peuple.

Il me semble quand même (à cette conjoncture) que péché ca veut dire fondamentalement (dans l'ancien testament)  désobéir a Dieu...et désobéir a Dieu c'est désobéir à ces commandements.... et désobéir à Dieu conduit à la mort.....selon ce qui est dit au peuple hébreux après la remise par Moïse des dix commandements où il leur est donné le choix entre la vie et la mort...(Deutéronome 30:15...)"Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal[...] J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction[...] choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l'Eternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t'attacher à lui"

En tout cas, dans le texte de Mark, la question de la définition du péché, ne se pose pas tout le monde sait de quoi Jésus parle, tous ceux qui écoutent dans le texte mais aussi tous ceux à qui Mark s'adresse...et  peut-être que l'absence d'explication vient du fait que finalement la notion de péché est universelle quelque soit le mot que l' on emploie comme est celle du bien et du mal....

*   *   *

Il reste que cet épisode établit d'une manière inattendue une équivalence entre le pardon et la guérison ou le pardon semble un bien plus désirable que la guérison...et que le défi que Jésus lance aux scribes sur ce qui est le plus facile, pardonner ou guérir en tant que bonne chrétienne du XXI ème siècle (qui ne voit pas tous les jours des paralytiques marcher) ma réponse est de dire...pardonner, bien sûr, finalement ça ne coûte rien de le dire ou de le faire ..surtout qu' après 2000 ans de christianisme le pardon est devenu monnaie courante dans l'église, ou est considéré comme un dû et où les paroles de Paul sur la grâce orchestrées par celles d'un Luther  rendent ce texte sinon incompréhensible en tout cas improbable...

Gravité du péché, scandale du pardon

Apparaît ici, après le Jésus qui enseigne, guérit et chasse les démons, le Jésus qui pardonne, mais le pardon n'y est pas présenté comme un acte anodin, une marque de gentillesse, d'abnégation ou de faiblesse mais un acte fort, une expression de puissance et d'autorité... un véritable attribut divin...

(De quoi revoir ma copie...une fois de plus)